Un temps de travail profitable pour le Territoire de la culture et de la création

À l’initiative de Patrick Braouezec, une délégation d’une quarantaine de personnes composée de maires, maires-adjoints, directeur·trices d’administrations, artistes, architectes et promoteurs s’est réunie à Venise pour un séminaire autour du projet de Territoire de la culture et de la création. Mis en œuvre depuis plus de quatre ans, ce projet fait de la culture et de la création les leviers du développement du territoire, un fil rouge qui imprègne l’ensemble des politiques publiques, au premier rang desquelles l’aménagement.

 

Cette manière d’appréhender l’aménagement du territoire fait écho à la proposition « Lieux infinis : construire des bâtiments ou des lieux ? » mise en scène au sein du pavillon français par le collectif d’architectes Encore Heureux, commissaire du pavillon. Les architectes Nicola Delon, Julien Choppin et Sébastien Eymard y valorisent des initiatives qui répondent à la thématique Freespace retenue pour cette 16e édition. Aussi, l’exposition du pavillon français met en avant dix Lieux Infinis : l’hôtel Pasteur à Rennes, le Centquatre et les Grands Voisins à Paris, le Tri postal à Avignon, la Convention à Auch, la friche La belle de mai à Marseille, les Ateliers Médicis à Clichy-sous-Bois/Montfermeil, la Ferme du bonheur à Nanterre, La grande halle à Colombelles, et le 6B à Saint-Denis.

 

Le séminaire s’est ouvert sur un échange entre Patrick Braouezec et Nicola Delon, fondateur/associé d’Encore Heureux, pour lancer les débats. Valentine Roy, cheffe de projet à Plaine Commune, a ensuite rappelé les intentions de la démarche du Territoire de la culture et de la création. Puis Nicolas Frize, compositeur, et Chantal Talland, directrice de l’école du renouvellement urbain, ont croisé leurs regards sur le projet. « Ce qu’on voulait, ce qu’on veut toujours, c’est dépasser le joujou, l’animation, l’objet d’art rapporté, la belle expérience - fut-ce t’elle participative - la décoration, la commande officielle, et voir comment faire les choses de manière plus organique » rappelle Nicolas Frize. « Le manifeste porté par Plaine Commune en liant territoire, culture et création, est un manifeste du sensible. Ce sensible qui ne peut être réduit à aucun déterminisme, urbain, social ou économique, mais qui au contraire permet de créer des obliques où le territoire devient le lieu des expressions multiples et pourtant réunies » abonde Chantal Talland. 

 

Deux ateliers contributifs ont permis de s’interroger sur la culture comme levier du fait urbain, de questionner les pratiques de chacun, partager les expériences et évoquer l’impact sur la population et les enjeux de demain.

 

Enfin, trois initiatives ont été présentées :

• Laurent Russier, maire de Saint-Denis, et Nil Dinc, metteuse en scène chez Gongle, ont évoqué l’accompagnement culturel du projet Pleyel. « On est devant un bouleversement qui va être immense » explique Laurent Russier. « On ne peut pas l’accompagner, le faire sien et qu’il devienne quelque chose de positif si, d’ores et déjà, on ne s’attache pas les habitants et les passants. C’est ce que cette démarche décalée nous a permis. » ;
• Azzedine Taïbi, maire de Stains, et Zineb Benzekri, co-directrice du collectif Random, sont revenus sur l’accompagnement culturel du projet du Clos SaintLazare. Pour le maire, « ce travail d’éducation populaire a permis de susciter l’imagination, la curiosité et la critique. L’approche artistique, immersive, permet de toucher des populations et d’entendre une parole qu’on appréhende mal dans les relais classiques de la concertation » ;
• Gilles Poux, maire de la Courneuve, et Nicola Delon ont évoqué la reconversion des halles Babcock avec le projet de Fabrique des cultures. « Le travail entamé avec la MC 93, a ouvert un chemin dont on pense qu’il peut répondre aux besoins de notre population cosmopolite, populaire, qui a aussi besoin de pouvoir ouvrir les yeux, s’émerveiller, rêver. C’est ce pari là qu’on essaye de construire dans la dynamique actuelle » explique l’élu.

 

Pascal Le Brun-Cordier, professeur associé, responsable du master Projets culturels dans l’espace public, à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne a rappelé les concepts et les exemples en aménagement dans l’hexagone dans le domaine de la culture et la création.

 

L’équipe de Plaine Commune Développement conduite par Catherine Léger a pu durant ces deux jours, partager les expériences de la SEM et la SPL dans ce domaine, et s’interroger avec les participants sur la façon d’intégrer plus en amont encore l’apport artistique dans la conception des projets urbains et leur traduction opérationnelle.